Hector a 72 ans quand il vient me consulter. Il est mécontent car son cardiologue lui a annoncé qu’il devrait prendre à vie : un anti arythmique et un anticoagulant. Il a des épisodes d’arythmie sans symptôme, ce qui signifie qu’il n’en a pas conscience. C’est de l’arythmie paroxystique, et les manifestations ont lieu essentiellement la nuit, pendant son sommeil. Comment son cardiologue le sait-il ? Parce qu’il est porteur d’un Stimulateur cardiaque, plus connu sous le nom de Pace Maker, ce qui permet de les détecter. Combien a-t-il eu de crises ? Sept ou huit par an, de quelques minutes à quelques heures.
Il est très anxieux comme le sont beaucoup de ceux que l’on nomme « cardiaque ». Depuis il fait un contrôle tous les trois mois de son Stimulateur en espérant guérir par quelques méthodes naturelle. Pour cela, il a fait assidûment la cohérence cardiaque, il prend du magnésium marin, du Cardiocalme (aubépine), de la passiflore, il a consulté un cardiologue homéopathe etc. Mais cela n’a pas suffit.
L’anti arythmique étant sans efficacité chez lui, sauf les effets indésirables (syndrome de Raynaud, chute de tension et grande fatigue), il a décidé de l’arrêter avec l’accord de son rythmologue et il continue l’anticoagulant. Il a arrêté le ski car un accident serait une catastrophe au niveau des hémorragies pour lesquelles il n’y a pas d’antidote.
Je lui parle de l’ablation de fibrillation auriculaire par radio fréquence, RF, (des ondes radar) qui donne 80% de bon résultat, mais il faudra continuer les anticoagulants pendant trois ans pour être sûr de la guérison. Quand il revient me voir, il est demandeur de cette intervention car il a programmé de vivre cent ans et plus et en bonne santé. Pour être réalisable, il faut que l’oreillette gauche ne soit pas dilatée. L’échographie du cœur lui dira que l’intervention est possible. Le RDV est pris.
Deux à trois jours d’hospitalisation et il sort en forme. Il doit continuer les anticoagulants d’une façon impérative, les trois à quatre mois qui suivent car il y a un risque accru de faire des crises dans les suites de l’opération.
Quatre mois plus tard, il n’a pas eu de nouvelles crises et il décide d’arrêter les anticoagulants en accord avec son rythmologue. Il fait contrôler son stimulateur les deux trimestres suivants, puis son rythmologue lui demande de revenir tous les six mois pour le contrôle ordinaire.
Pourquoi l’intervention ne lui a-t-elle pas été proposée d’emblée ? Est-ce parcequ’aucune chirurgie n’a un risque zéro, même s’il est très faible dans ce cas.
Sur le compte rendu opératoire, il est noté que l’intervention a été réalisée car le patient ne supportait pas… …les anticoagulants.
Un peu de technique pour comprendre ce qui se passe et comment se forment les « ondes perverses » de l’arythmie ? Les perturbations partent des veines pulmonaires qui s’abouchent dans l’oreillette gauche, elles se transmettent au cœur comme un jeu de domino et mobilisent la contraction de toute la pompe cardiaque. L’arythmie va commencer à la suite d’un énervement ou non, et durer un temps indéterminé. Alors, le débit cardiaque diminue de 30%, il y a des turbulences et un caillot peut se former dans ce désordre. Quand le rythme redevient normal, ce que la science nomme sinusal, le débit augmente des 30% qu’il avait perdu et c’est là que le risque existe de faire un accident vasculaire, sur les artères carotides menant au cerveau, les premières rencontrées, accident vasculaire cérébral AVC, puis sur d’autres artères, mésentériques pour l’intestin, ou sur les artères fémorales. Tout cela n’est pas bon, c’est pourquoi j’insiste auprès de mes patients pour qu’ils prennent les anticoagulants, car après l’accident vasculaire, si une intervention pour dissoudre les caillots n’a pas lieu dans les quatre heures, il y aura des séquelles le plus souvent définitives.
L’intervention consiste à faire un microtraumatisme en anneau sur l’abouchement des veines pulmonaires ; une fois qu’il a cicatrisé, le tissu cardiaque, remplacé par le tissu cicatriciel perd sa conductivité électrique aux endroits concernés. On évite ainsi la diffusion des impulsions électriques non coordonnées causant la fibrillation auriculaire. En comparaison, c’est comme un brise-lame, une digue, arrêtant la vague ou comme la barrière de corail ; à l’intérieur c’est calme.
Cette intervention donne 80% de bons résultats. Mon correspondant est le Dr Edouard Siméon à l’hôpital Montsouris à Paris.
On fera la différance avec l’arythmie complète ou permanente pour laquelle le traitement est le choc électrique sous anesthésie générale. Il y a deux tiers de bons résultats. Cette technique est beaucoup plus ancienne, elle était déjà pratiquée quand j’étais interne il y a un demi-siècle. Il est aussi possible de faire l’ablation une fois que l’arythmie complète est devenue sinusale. Pour cela, il faut consulter les spécialistes.
Si Hector, mon patient, n’avait pas eu un stimulateur, comment savoir si on est sujet à l’arythmie paroxystique puisqu’elle peut être silencieuse ? On pourra se faire poser, en sous cutané, un enregistreur qui va surveiller le rythme pendant un an.
En cas de doute et pour les patients pro homéopathie, je prescris :
Digitalis 4 CH 2 granulés tous les jours en continu et aussi
Naja 4 CH idem. Ces deux remèdes ne remplacent pas l’anticoagulant.