J’ai découvert un livre écrit dans les années 30 sur le peuple Hounza.Il est situé dans une haute vallée de l’Himalaya au Pakistan. Là, vivait un peuple qui ne fréquentait pas les dispensaires installés dans ce qui était à l’époque l’empire britannique.
Quelques villages juchés autour de 3000 m où ils reçoivent l’eau des glaciers toute l’année. Ils y cultivent la terre et ils y élèvent des chèvres des vaches et des moutons. L’hiver est rude, froid, sec et il y a des disettes surtout à la jonction de l’hiver et du printemps. Justement je commence par ça : ils mangent peu et l’hiver ils pratiquent un jeûne forcé. Leur nourriture principale c’est l’orge, le blé et les abricots qu’ils sèchent sur les toits en été ; il se dit que les jeunes femmes refusent d’aller vivre, entendez épouser un homme qui habite un village où il n’y a pas de ce fruit essentiel qui apporte l’huile du noyau dont elles s’enduisent la peau, car partout les femmes sont coquettes. Ils se nourrissent du beurre des chèvres et de leurs vaches qui sont si petites qu’elles ont été comparées aux chiens Saint-Bernard par leurs tailles. Les vaches donnent moins de 2 litres de lait par jour. Ils mangent aussi de la viande en très petite quantité et surtout quand il y a une bête qui s’est accidentée dans les montagnes escarpées. Les hommes marchent beaucoup dans ces montagnes et ce, jusqu’à un âge très avancé ; courir après les bêtes, grimper, cultiver les terrasses, entretenir les canaux d’irrigation avec l’eau des glaciers, tout ce qui pourrait paraître harassant fait la joie de ce peuple infatigable jusqu’à la cinquième génération ; car il n’y a pas de retraite.
La relation entre les aïeux et les petits-enfants est très importante et une partie de l’éducation que donnent les anciens, parfois centenaires lors des veillées est de nommer par leurs prénoms, leurs propres ancêtres, ceux que les plus vieux ont connus jusqu’à la cinquième génération ce qui fait neuf générations si je ne me trompe pas. Tous ces noms d’êtres aimés, magnifiés sont autant de racines pour les petits qui poussent….
Ces petits, les femmes en ont seulement un tous les quatre ans après un garçon et trois ans après une fille parce que cela fatigue moins les mères et que les filles sont plus faciles à élever ; ils ont aussi constaté que des enfants trop rapprochés font des fratries jalouses alors que le petit garçon de quatre ans réclame naturellement le petit frère ou la petite sœur suivant.
Chacun a sa place dans la société Hounza, l’enfant de six ans va s’occuper du petit de deux ans et le porter sur son dos et en avoir la responsabilité. On est bien loin de la culture individualiste et égalitariste rencontrée en Occident.
Le nourrisson ne marche pas avant deux ans et il n’y sera pas encouragé car ses os ne sont pas terminés et cela favorise les déformations des genoux, du dos etc.
Les mères allaitent jusqu’à deux ans.
Au fait, comment font-ils ? comment font-elles pour n’avoir un enfant que tous les trois ou quatre ans ?
Toute la communauté vit en tribus dans une immense maison, la nuit il y a le lieu pour les hommes, le lieu pour les femmes, les mères et les nourrissons et le lieu pour les couples qui n’ont comme intimité que le noir de la nuit. Quand une femme est enceinte le couple se sépare et rejoint les hommes et les femmes respectivement et cela durera jusqu’à la fin de l’allaitement. Comme vous avez compris, la vie sociale ne repose pas sur le couple !
Comment se font les couples ?
Les mariages n’ont pas lieu à l’intérieur du même village, ils connaissent les dangers de la consanguinité. Alors voilà, à la belle saison, dans une maisonnette isolée, deux adolescents de 15 à 16 ans, choisis par les familles, vont être invités et amenés à cohabiter pendant deux ou trois jours. Si cela se passe bien ils seront mari et femme. Autrement la fille retournera chez elle. Rien n’est forcé tout est seulement proposé.
Quant aux mariages proprement dits, ils auront lieu dans le village, tous le même jour, cela permet de faire de très grandes fêtes et aussi d’économiser les denrées alimentaires qui sont rares.
Des fêtes rythment toutes les saisons, les semailles, les récoltes et les mariages donc. Elles se traduisent par des danses et par des chants, en évitant toutefois les danses entre couples qui auraient pu déclencher des jalousies.
Par contre ils n’ont pas vraiment de production artistique ; j’ai envie de dire que leur vie est un art ; pas plus que de croyances religieuses car ils ne semblent pas avoir perdu les liens sacrés qui les relient aux éléments, aux saisons et aux lois de la nature.
Les photos que j’en ai vues montrent un peuple joyeux, plein de respect pour tous les âges et en particulier pour les femmes qui ne travaillent pas pendant les règles. A ce propos, elles sont étonnées que les femmes européennes qui leur rendent visite ne s’allongent pas parfois au cours de la journée surtout pendant leur cycle !
Tout cela fait des centenaires agiles et joyeux.
En 1988 j’avais projeté de leur rendre visite lors d’un de mes voyages dans le nord de l’Inde. Malheureusement c’était une période où le conflit entre le Pakistan et l’Inde avait fermé les frontières.
Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus. De plus je ne trouve plus sur le marché BIO les abricots Hounza séchés, petits et avec le noyau !
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Leur mode de vie a largement influencé mes recherches sur la santé et la bonne humeur. Il m’est arrivé de conseillé à des mamans d’espacer les naissances. Mais ce n’est pas toujours réalisable.
Une maman de quarante ans m’a répondu que la fertilité diminuait, ce qui est vrai. Elle voulait donc un deuxième enfant qui vint quinze mois plus tard. Il se trouve que l’aîné se mit à vomir dès la naissance du bébé. Les parents devaient le surveiller car à deux ou trois ans il disait qu’il voulait tuer sa petite sœur.
Une autre maman à trente ans voulu ses enfants rapprochés pour ne pas avoir à se « remettre dans les couches » et pouvoir reprendre au plus vite sa vie professionnelle. Quinze mois entre les deux sœurs. En fait de baby blues, elle fit une dépression sévère qui nécessitât une hospitalisation.
Voilà deux exemples qui ne sauraient faire loi mais qui ont attiré mon attention et confirmé la valeur de la tradition Hounza car j’en avais informé les deux patientes.
Ils refusent de manger les aliments qui ne viennent pas de chez eux. Ils n’utilisent aucun engrais chimique, seul l’eau des glaciers très minéralisée par toutes les roches qu’elle traverse fertilise la terre. Ni pesticides, ni herbicides, ni conservateur. Très peu de sel. Aucun produit industriel .
Les enfants grimpent dans les abricotiers pour enlever à la main toutes les petites branches qui pourraient être attaquées par un parasite.
Comme vous l’avez compris il n’y a pas de surcharge pondérale et au contraire ils sont très minces.
La seule pathologie décrite est l’irritation des yeux à cause du feu dans l’âtre pendant les six semaines d’hiver très rigoureux où ils dorment à l’intérieur. Le reste de l’année ils dorment à la belle étoile et étendent leur literie à l’air.
Ce qui est remarquable, c’est qu’ils ne connaissent pas la fatigue.
Ils font des sports de qualité : des simulations de combat sans jamais se blesser, des danses de style, une courtoisie extrême, une capacité d’effort qui fait que les Européens ne peuvent pas les suivre quand ils marchent en montagne ; et tout ça avec un enjouement du caractère, beaucoup de patience, ils ont une démarche qui semble avoir quelque chose d’ailé.
En conclusion ce sont des artistes de la vie simple et intégrale.
Quand ils voient un européen ils ont : « de la commisération au sujet de ses chaussures inutiles »
Je reprends la lecture pour la 7 ou 8 ième fois…
Les repas se prennent en position accroupie.( Ce qui évite la stagnation veineuse)
Les hommes d’âge racontent leur jeunesse avec de nombreuses anecdotes, les légendes des héros, des rois et des brigands.
L’auteur du livre insiste sur l’excellent comportement des jeunes et des vieux ; à ce sujet je regarde avec tristesse notre civilisation occidentale qui pratique la ségrégation des âges.
L’auteur du livre insiste sur leur propreté.
Ils sont illettrés ; il y a 99 % d’analphabètes et quand ils rencontrent les Européens ils sont choqués de savoir que nos enfants vont à l’école de cinq ans à l’adolescence. « Est-ce possible ? mais c’est justement l’âge où ils doivent apprendre les choses ! ». Il me vient une réflexion : quand l’éducation est devenue obligatoire à la fin du XIXe siècle le monde rural français a insisté pour que les enfants puissent participer à la vie des fermes, qu’ils puissent apprendre le travail traditionnel, aider leurs parents, et avoir des congés surtout l’été. En Suisse il y a un congé spécial d’une journée en octobre : « c’est le jour des patates ».
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Ils fabriquent des flûtes avec du bois de saule
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Je l’ai déjà dit, aucun art plastique, aucune poésie, aucune mystique, aucun paradis ou siècle d’or.
Chez ce peuple on ne rencontre ni geste nerveux ni regard angoissé.
Cela pourrait se résumer par : sain d’esprit, d’âme et de corps.
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Voilà une de leur chanson :
« Que soit béni l’année qui va venir Yahia,,
Puissent nos maisons être vides de maladies Yahia…. »
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À l’intérieur des maisons c’est de la terre battue dans la pièce principale . A ce sujet je me souviens que dans la maison de ma grand mère une partie du sol avait été cimentée ou pavée dans les années 30, et quand les enfants s’avisaient de marcher nu-pied, c’était pour s’entendre sermonner : « tu vas attraper la mort ! »
Que penser de cela ? Le ciment et les pavés ça fait plus propre , les chaussures ça fait plus riche. Ne peut-on pas arrêter le confort moderne et le progrès !
Je reviens au début de la vie : avec les bébés. Avant que le bébé ait percé sa première dent, aucun être du sexe masculin n’est autorisé à le toucher. Voilà de quoi choquer les partisans de l’unisexe de notre époque actuelle. A cette date importante l’enfant va passer dans les bras de l’arrière-grand-père du grand-père du père des frères etc. Pourquoi, comment en sont-ils venus à cela ? J’y vois une valeur symbolique, et je donne une interprétation : l’élément liquide, le lait, c’est la féminité ; à l’opposé, la dent prépare le nourrisson à entrer en contact avec le concret, le dur et la masculinité.
Voilà encore de quoi choquer. Pendant la nuit de noces la mère du jeune homme assiste le jeune couple afin qu’il en retire le plus de joie. Quand on sait la misère sexuelle de la plupart des couples en Occident voilà un bon et sérieux sujet de méditation.
En vrac : ils chassent les oiseaux avec des frondes à certaines époques pour se nourrir et ils sont particulièrement adroits.
Ils mangent des germes de blé en salade ;
Les céréales sont conservées en grains et une fois moulues se consomment rapidement.
Les huiles sont extraites de la graine de lin et de la graine de moutarde.
En résumé ils mangent surtout des fruits et des céréales et assez peu de, légumes.
Durant les vendanges ils mangent la plus grande quantité de raisin possible. Cela rappelle les cures de raisin qui se pratiquaient dans les vignes au XVIII ième dans les pays germaniques et que je fais chaque année.
L’eau-de-vie est interdite car elle crée des disputes .
Et surtout pas de sucres de fabrique, autrement nommé sucres raffiné sucre blanc sucre roux coloré avec du caramel ; pas de farine blanche, hyper blutée, pas de conserves.
Leur alimentation est faite de substances vivantes.
Le lait de chèvre est bu à la mamelle par les enfants, donc pas besoin de le bouillir et pas de risque d’infection.
Lorsqu’un enfant a de la fièvre on l’enveloppe dans une chaude couverture et on l’étend à l’ombre .
Merci pour ce récit des plus intéressants car en effet nous avons beaucoup à apprendre ici en Occident de ce que certaines civilisations utilisent comme remèdes à nos maux quotidiens que nous soignons à coups d’antibiotiques qui au finale nous coutent chers et font fructifiées cette industrie pharmaceutique qui elle ne se soucie guère de notre guérison bien au contraire n’attend qu’une chose c’est que nous soyons tous malade à vie .
Merci pour ce récit des plus intéressants car en effet nous avons beaucoup à apprendre ici en Occident de ce que certaines civilisations utilisent comme remèdes à nos maux quotidiens que nous soignons à coups d’antibiotiques qui au finale nous coutent chers et font fructifiées cette industrie pharmaceutique qui elle ne se soucie guère de notre guérison bien au contraire n’attend qu’une chose c’est que nous soyons tous malade à vie .